Takthok, Sakti, une ONG allemande finance des soins dentaires dans une école…Un tisserand enseigne le tissage à des femmes pour leur apprendre à s’émanciper et prendre place dans la société ladakhi..

Un enseignant ne peut véritablement enseigner Il apprend lui-même Une lampe ne peut jamais allumer une autre lampe Elle continue à consumer sa propre flamme

Rabindranâth Tagore

Article mis à jour et modifié le 14 juillet 2021

Le monastère de Takthok (Tagtog)

Aujourd’hui Norboo m’a emmené avec lui à Sakti d’abord pour visiter le monastère de Tagtog (ou Takthok).

Encore un monastère méconnu des touristes.

Il date du XVième siècle. C’est le seul monastère du Ladakh qui appartient à l’école Nyingmapa, la plus ancienne des traditions du bouddhisme tibétain. Il a été construit autour d’une grotte dans laquelle, selon la croyance, Padmasambhava aurait médité au cours du VIIIème siècle.

Je n’ai pu faire aucune photo tant le temple principal (la grotte originelle) est obscure avec une voûte rocheuse tapissée par une épaisse couche noire des fumées grasses des lampes à beurre depuis des siècles. Les peintures sont également recouvertes de crasse et de fumées.

Les peintures du temple récent représentent des divinités féroces protectrices.

 

Tandis que dans la « chapelle », le bâtiment se trouvant sur la gauche, se dresse une grande statue de Padmasambhava devant laquelle les fidèles viennent rendre hommage et prier.

Des petites bandes dessinées fabrication « maison » sont distribuées aux enfants pour leur expliquer en image ce qu’ils devront faire impérativement à la maison dans les jours suivant l’intervention.

Un grand coffre métallique rempli de jouets et de gadgets est ouvert, béant, devant leurs yeux ébahis. Chaque enfant peut choisir l’objet qu’il veut. Et j’observe, émerveillé, combien les enfants sont les mêmes dans le monde entier. La peur, la douleur, laissent la place à la joie et à l’euphorie. Les larmes se métamorphosent en sourires voire en éclats de rire.

Je suis toujours intéressé quand je vois un enfant choisir un cadeau : l’objet convoité révèle souvent le caractère de l’enfant, par sa taille, sa nature, son but.

Et comme toujours aussi, une fois son objet adopté on louche sur celui du voisin sur lequel on regrette de n’avoir pas jeté son dévolu. Pas de bagarre cependant, on se prête mutuellement le fabuleux cadeau. Et même quelques échanges de dernière minute s’effectuent. Tu préfères le mien ? Moi finalement je préfère le tien. Adjugé, vendu.

Les dentistes allemandes à l’école

Ensuite, Norboo me conduisit dans une école modèle, perdue dans la montagne, parrainée par l’Association Cenfood fondée par Norboo.

Ce sont les vacances scolaires, mais aujourd’hui la salle de classe est le cadre d’une toute autre fonction. Séance « dentiste »  organisée par Norboo, financée par une ONG allemande, avec les deux stomatologues hébergées la semaine dernière dans notre guesthouse,.

Exceptionnelle expérience.

Comme vous pouvez le voir sur les photos, on fait au plus simple en matière d’outillage. Ici pas de matériel sophistiqué, mais l’anesthésie et l’hygiène sont au rendez-vous.

Comme tous les enfants, les petits ladakhi redoutent les soins dentaires, certains sont même terrorisés. Il faut beaucoup de patience, de tact, et de savoir faire pour les calmer.

 

A Sakti on enseigne aux femmes qu’elles doivent s’émanciper et se prendre en charge

Puis, visite dans un petit atelier de tissage aux métiers sommaires. Un tisserand enseigne à tisser à un groupe de femmes, puis à teindre et à faire des vêtements ladakhi qu’elles viennent ensuite vendre au marché à Leh. C’est Norboo qui paie de sa poche les « cours » de tissage, teinture, coupe et couture (et qui fournit les machines à coudre ?).

Je regarde avec émotion leurs métiers rudimentaires et j’explique que pendant des années j’ai moi même tissé des centaines de mètres de fabuleuses créations en laine, en coton, en lin, en soie, en fils d’argent et d’or, sur un monumental et superbe métier en orme massif. Une autre des passions de ma vie.

Suit une mini réunion à laquelle sont conviées toutes les femmes du village, et au cours de laquelle il leur est expliqué  qu’il est nécessaire qu’elles se prennent en charge et qu’elles peuvent accéder à leur propre autonomie par leurs travaux sans toujours dépendre de « l’homme », qu’elles doivent revendiquer leur statut de femmes ainsi que leur rôle à tenir dans la société ladakhi.

 

Après quoi nous sommes conviés à un repas ladakhi typique. Thé salé au beurre, bien entendu, mais nettement moins bon que celui des moines de Karcha : trop de beurre à mon goût – pas rance du tout – Un peu écœurant, le beurre de yack.

Et au moment où j’écris ces lignes je me demande soudain si cette idée reçue et véhiculée partout de beurre rance ne trouverait pas son origine dans ce beurre de yack qui a un goût si particulier, que des voyageurs/explorateurs auraient confondu avec le goût rance d’un beurre de lait de vache.

Avant de nous séparer, il fallut, dans la foulée, sacrifier à l’incontournable séance photos.

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