Assortiments de petit déjeuner : vada, idli, parotha, samosa, et autres

Chottannikkara Temple, fabuleux, accueil extrêmement chaleureux… backwaters avec « mises en scène » grotesques le long des rives… Munnar n’est plus Munnar

Chottannikkara Temple

Ce matin, nous avons loué une voiture pour aller à Chottannikkara temple, à seize kilomètres au nord-est d’Ernakulam.

Il s’agit d’un temple du XIème siècle dédié à la déesse-mère Bhagavati Lakshmi, très populaire au Kérala. Bonne pioche ! Excellente même, car le lieu est fabuleux !!! Nous recevons un accueil extrêmement chaleureux – bien que nous ne soyons pas hindous – tant de la part des fidèles locaux, que du clergé, que des centaines et centaines, voire milliers de pèlerins.

Le temple est constitué d’un sanctuaire majeur entouré d’une multitude de templions dans une enceinte immense. Nous avons accès à tous les édifices y compris le Sanctus Sanctorum, et même les bassins aux bains et ablutions. Hommes et femmes séparés, comme de bien entendu.

Nous pouvons assister à des cérémonies diverses et multiples. Cependant, nous ne nous joignons pas à la cohorte des pèlerins accédant au temple principal tant la file d’attente est importante, tous agglutinés les uns derrière les autres par une chaleur étouffante.

Les photos sont interdites – donc vous n’en verrez pas ici – mais à aucun moment on ne nous fait de difficultés, ni on ne nous oblige à remettre nos appareils à quelque gardien. De plus – chose rarissime dans un temple hindou – nous ne remarquons aucune agitation, aucun désordre, mais au contraire beaucoup de recueillement, de sérénité, de ferveur, de silence – relatif –. Surprenant par rapport au désordre habituel qui règne dans les temples hindous, particulièrement dans ceux envahis de pèlerins. Nous passons là trois heures de visite, faisant quelques petites prières et dévotions à notre sauce, sans nous lasser un seul instant. Sophie est aux anges, je croirais une autre femme.

Les backwaters de Kochi

Nous nous sommes inscrits dans une agence de Fort Cochin pour une découverte des backwaters  locaux car je n’y suis jamais allé et je connais trop désormais ceux d’Allepey.

Rien à voir avec tout ce que j’ai pu connaître, seul, les années précédentes à Allepey ! Nous nous retrouvons faisant partie d’un groupe de trente personnes alors que l’on nous avait parlé d’un groupe de huit personnes. Ah, oui ! Huit personnes par canoë ! Sans toit, à la queue leu leu.

Nous assistons à des « mises en scène » artificielles le long des rives, avec des gens à qui l’on a demandé de faire semblant d’avoir une « activité domestique » : toilette matinale, lavage du linge ou de la vaisselle, pour que les touristes puissent faire des photos… Grotesque !!! Arrêts divers pour voir un filage « bidon » de coir (sisal), ou découverte d’arbres à épices plantés là pour faire « naturel ». Evidemment, vente d’épices, réduite à des sachets de cannelle tout prêts à un prix de six à dix fois plus cher que les quantités astronomiques que j’ai coutume d’acheter au marché aux épices d’Allepey !

Nous sommes morts de rire car nous préférons prendre les choses du bon côté plutôt que de râler et de nous chambouler l’humeur. Nous buvons cette mascarade jusqu’à la lie en y mettant notre assaisonnement personnel pour nous en amuser. Nous avons payé trois heures de navigation sur les canaux, pour n’en faire pas même une sur un seul canal aller/retour. Le reste du temps est occupé par toutes ces foutaises. Et ils sont heureux les touristes – une majorité de frenchies – !!! –

Retour à Ernakulam sous une grosse chaleur. Sieste de laquelle Sabine se réveille d’une humeur massacrante et nous voici repartis à la case départ ! Et j’ai la migraine, et il y a trop de bruit, et j’aime pas cette ville et j’aime pas non plus Fort Cochin à cause des touristes, etc… Je me crois revenu au premier jour !!!

Demain nous partons à Munnar pour trois jours

Munnar n’est plus Munnar

Nous voici partis à Munnar que je tenais à lui faire découvrir. Je lui en avais fait une description dithyrambique.

En cinq ans bien des choses ont changé. Enormément plus de touristes et particulièrement des Anglais, Allemands, Hollandais, et Indiens. Très peu de Français. Conséquence immédiate, le mercantilisme a gagné du terrain. Restaurants et hôtels n’ont pas trop augmenté, mais je note une baisse très nette de la qualité et de l’amabilité. Les paysages et les plantations de thé n’ont pas changé. Ils restent toujours aussi beaux et enchanteurs, mais après les paysages grandioses de l’Himachal Pradesh, je relativise mon enthousiasme.

Le premier jour j’amène ma compagne de voyage à un endroit magique d’où l’on peut contempler un somptueux paysage au coucher du soleil. Un lieu idyllique, désert. Lors de mon précédent séjour, je m’asseyais sur un rocher à regarder et écouter chanter les nombreux bulbuls sautillant dans les plantations. C’était féérique et hors du temps. Une baraque en bois, toujours fermée quelle que soit l’heure, promettait des boissons fraîches, du thé ou du café, que je n’ai jamais eu l’occasion de boire puisque c’était toujours fermé. Et pour cause : aucun client !

Une incroyable invasion de rickshaws et de voitures qui se bousculent et s’invectivent les uns les autres, car l’étroite route ne s’étant pas élargie, il leur est impossible de se garer ou de faire demi-tour dans de bonnes conditions. Des centaines, non, non, je n’exagère pas, des centaines de touristes indiens hurlant et vociférant comme à leur habitude, et le magnifique endroit, jonché de sachets de chips, cacahuètes, biscuits, bonbons, et autres cochonneries, ainsi qu’une avalanche de gobelets en carton ou en plastique de thé et café, vendus sur place non seulement par la baraque, ouverte cette fois, mais par deux baraques car une autre s’est installée juste en face. Chacune a placé une poubelle devant son comptoir, laissée religieusement vide !

En cours de route, Sabine me fait encore une de ses scènes dont elle a le secret parce que nous avons oublié d’emporter de l’eau. Elle insiste pour que nous fassions une halte dans un hôtel de luxe en contre-bas de la route où nous payons une bouteille d’eau quatre fois plus cher que le prix normal. Moi je n’arrête pas de fulminer en voyant monter (et redescendre) des dizaines et des dizaines de rickshaws et voitures bourrées de touristes indiens ou étrangers. Mais comme cette route conduit aussi à deux autres hôtels de luxe, je ne m’attends pas à ce que nous découvrons en arrivant à mon lieu privilégié.

Une personnalité cyclothymique

Sous mon nez un type jette un emballage de jus de fruit. Je fonce sur lui et je l’oblige à le ramasser et à jeter le carton dans la poubelle. Il me regarde, étonné comme si je lui demandais quelque chose d’incroyable à faire, mais il s’exécute sous le regard et les commentaires hilares de tous ceux qui assistent à la scène. Comme ce sont de jeunes hommes  entre vingt et trente ans, je me lance dans un grand discours en charabia-anglais leur disant qu’ils souillent et massacrent leur propre pays. Je pense qu’ils ne comprennent pas un traître mot de ce que je leur dis mais manifestement ils en saisissent le sens, car, curieusement, ils me répondent que j’ai entièrement raison.

Tout ceci également sous le regard sévère de ma chère compagne qui, elle, se tient toujours dans un discours policé, voire mielleux, car Madame n’a pas apprécié ma façon de m’adresser à eux, qu’elle qualifie d’ « agressive ». Elle, préfère se plaindre et critiquer sans cesse les Indiens en gardant un sourire condescendant et geindre auprès de moi en permanence d’une voix doucereuse tout en distillant venin et manipulation.

Je dis manipulation car c’est ainsi qu’elle s’adresse également à moi et si je ne me rebiffais pas en permanence, avec son ton et sa façon de parler, elle me mènerait par le bout du nez et ne me ferait faire que ce qu’Elle veut faire. Tout en me jugeant, elle ne cesse de se plaindre de tous ces jeunes Indiens et préfère redescendre au village sans même vouloir assister au coucher de soleil, si fabuleux soit-il.

Ce qui me dérange c’est son trouble cyclo-thymique au cours d’une journée.

Par moments, elle peut être absolument charmante et de compagnie agréable, voire totalement euphorique, puis au moment où l’on s’y attend le moins, en quelques minutes, elle devient insupportable. J’ai envie d’écrire « insu-portable ». Sans compter les vannes incessantes, même quand elle est de bonne humeur, qu’elle m’envoie sur ma vie privée et mon intimité.

Les plantations de thé

Le deuxième jour, nous avons loué une voiture jusqu’à « Top Station » – à quarante kilomètres – à travers les bois d’eucalyptus et les différents lacs de barrage qui passent du vert émeraude le matin au bleu turquoise l’après-midi en fonction de l’éclairage ambiant.

 

Une fois de retour, nous partons à pied pour une promenade enchanteresse à travers les collines plantées de théiers. Le côté fabuleux de Munnar, c’est qu’il n’y a pas de pollution, qu’il fait frais, – même froid le matin – et qu’on se trouve enveloppé dans une véritable symphonie de bleu – le ciel – et de vert – les plantations de thé -, noyé dans l’odeur du thé frais en feuilles.

Je suis surpris, cette année, de n’apercevoir aucune cueilleuse, nulle part, alors qu’on en voyait partout dans les plantations, il y a 5 ans. Pourtant la cueillette du thé n’est pas saisonnière mais régulière et continuelle.

« Les Malheurs de Sophie »

Qui ne se souvient des « Malheurs de Sophie »  de la Comtesse de Ségur ?

Hélas, nouvelle discussion avec Sophie pour le repas du soir. Elle veut dîner dans un « boui-boui » alors que je propose un restaurant un peu cossu (pas trop cher pour autant).

Pendant tout le repas j’ai droit à des jérémiades parce qu’une balustrade jouxte son épaule à environ cinquante centimètres d’elle.

– Mais tu ne la touches pas, tu n’es pas appuyée dessus !

– Non, mais rien que de la voir ça me fait mal à l’épaule ! Et puis j’ai mal à la tête, il y a du bruit derrière…

Nous étions convenus depuis des mois que chacun garderait son indépendance, irait où il voudrait, quand il voudrait, à charge pour l’autre de l’accompagner ou non selon ses goûts et envies. Or, depuis dix jours, elle ne me lâche pas d’une semelle et me contraint, avec sa technique mielleuse, à changer régulièrement mes plans pour les siens. Elle ne supporte pas de voyager seule ou de se retrouver seule. Donc, avant de m’endormir, je prends la décision de remettre les pendules à l’heure à propos de nos accords relatifs à notre indépendance réciproque et de ne pas l’accompagner à Calicut afin de me réserver trois jours de liberté.

Sophie boude dans sa chambre

Je lui annonce ma décision le lendemain au petit déjeuner, et alors : le clash ! Elle me dit qu’elle n’a jamais rien fait pour entraver ma liberté, qu’elle m’a toujours laissé la possibilité de faire ce que je voulais et d’aller où je voulais. Je crois rêver ! Subitement, elle se lève, paie sa consommation et file sans un mot à l’hôtel en me laissant en plan devant mon assiette et mon thé. – Nous devions aller faire une dernière ballade à pied à travers d’autres collines. –

 

Je ne me laisse pas intimider. Je finis tranquillement mon petit déjeuner et regagne ma chambre, pensant partir me promener seul si elle n’arrive pas. Mais les choses ne se passent pas ainsi ! Je m’endors comme une masse ! En fait, je suis épuisé par le rythme qu’elle m’impose : horaires des repas, coucher tardif, lever trop matinal par rapport à mes médicaments, sieste souvent tronquée, sans compter le décalage horaire, que je ne parviens pas à récupérer.

A mon réveil, aucune nouvelle de Sophie… Elle boude depuis plus de deux heures… Puis, subitement, je suis assailli de sms pleurnichards de victime et d’appels téléphoniques auxquels je ne réponds pas pour éviter d’entrer dans son jeu de martyre.

Je la retrouve à la réception à midi, au moment de payer nos chambres et quitter l’hôtel, douce et aimable comme un agneau !

Le retour à Ernakulam

 

Le retour à Ernakulam, en bus, nous remet à peu près en phase. Car nous sommes embarqués non dans un bus, mais dans un « train de la peur » de fête foraine, dévalant la route à toute allure, roulant plus à droite qu’à gauche, évitant in extremis les véhicules venant en sens inverse, menaçant à tout moment de se renverser. Et cela nous réconcilie car ni l’un, ni l’autre n’avons peur et rions comme des malades dans un bus brinquebalant quasiment vide qui fonce comme s’il avait tous les démons de l’Inde à ses trousses.

Les touristes indiens

Je voudrais faire le point sur ce que j’ai dit sur les touristes indiens car je crains de n’être pas compris.

En gros, je hais, méprise et m’éloigne de tout ce qui est vulgarité et grossièreté de masse. Le touriste « casquette Ricard » .  qui envahit la Charente Maritime où je vis, les plages de Royan,  l’île d’Oléron, m’est tout aussi insupportable que les touristes moyens indiens. Mais sur 1 milliard 500 millions d’indiens, il y a 500 millions de « riches ».  Des nouveaux riches plus exactement. Ceux qui appartiennent à la classe « moyenne », dite aussi « montante » et qui ne cesse de monter – et tant mieux si la pauvreté recule de plus en plus – 500 millions, cela fait beaucoup. Et ce sont ceux-là qui voyagent par familles entières de quinze à trente personnes, qui envahissent les hôtels et lieux touristiques. Ce sont ceux-là qui, habitués à se faire servir et à ne penser qu’à soi-même, ne feraient pas deux pas pour jeter un emballage dans une poubelle située à un mètre d’eux.

Je ne parle pas des Indiens riches, cultivés et raffinés qui sont l’« élite » qui a existé de tous temps (cf les familles de Maharadjahs qui vivaient aussi longtemps en Angleterre et en Europe que dans leur pays, comme Gayatri Devi   pour ne citer qu’elle). Je ne les admire pas : ils étaient odieux de mépris et de condescendance pour les classes inférieures tant de leur pays que de l’Europe et des Etats Unis. Mais il est certain que les Indiens cultivés, raffinés, ceux qui se définissent eux-mêmes par le terme « educated » pour se distinguer de ceux-là même qui donnent une image odieuse de l’Indien moyen, qui voyagent, visitent des lieux culturels, ne jettent pas d’ordure et de déchets partout, ne hurlent pas dans les trains, les lieux publics, les hôtels, les restaurants, les musées…

J’ai eu et j’ai la chance de voyager seul, de voyager longtemps et surtout, de ne pas visiter l’Inde en quinze jours ou trois semaines, d’être invité et reçu dans des familles, de côtoyer des Indiens de tous âges, et je crois, après tant de mois et d’années de séjours en Inde, avoir eu le temps et le loisir d’observer, d’écouter, et d’apprendre. Je crois bien connaître, sinon toute l’Inde, du moins les états que j’ai visités et ne pas raconter n’importe quoi quand je m’exprime sur les mentalités. Tout ce que j’ai écrit et écris encore aujourd’hui m’a été confirmé par toutes sortes d’Indiens eux-mêmes, y compris des restaurateurs, des patrons de guesthouses, ou des managers d’hôtels. 

S’ils le pouvaient – certains d’entre eux s’offrent le luxe de le faire -, ils fermeraient leur porte aux touristes indiens « moyens ». Donc, quand j’écris que les touristes indiens dans leur grande majorité sont odieux et sans-gêne, qu’ils hurlent et vocifèrent en pleine jungle faisant fuir les animaux, qu’ils mettent leurs téléphones portables – qui sonnent en permanence – sur le mode musique avec amplificateur, qu’ils jonchent d’immondices de toutes sortes les lieux les plus idylliques et privilégiés, c’est, hélas, la stricte réalité. Il ne s’agit pas de mon propre regard sur l’Inde. Cela dit, je ne dis pas qu’il n’y a pas de touristes indiens discrets, polis, courtois, raffinés, calmes. 

 

J’en rencontre chaque jour et particulièrement dans mon hôtel – Je ne réside pas dans un hôtel de grand luxe – où ils débarquent aussi par familles entières, mais ne laissent pas leurs portes de chambres ouvertes pour se parler en hurlant, d’une chambre à l’autre.

J’accepte et j’aime l’Inde et les Indiens dans leur globalité, avec leurs mœurs, leurs pratiques de religions, leurs coutumes, leur culture, leurs modes de vie, leur chaos, leur paperasserie administrative, etc… Je l’accepte dans leur quotidien. Je suis chez eux et j’en tiens compte !!!!!  Mais, oui, je fulmine quand ils débarquent par centaines polluant et mettant le chaos dans un lieu sauvage et Idyllique.

A Munnar, ils auraient bien pu être des centaines sur le lieu magique dont j’ai parlé, sans que cela me dérange aucunement, à condition qu’ils respectent le lieu et autrui !!! Ils ont parfaitement le droit, eux aussi, d’admirer le coucher de soleil sur les montagnes et les plantations, mais pas celui de joncher les abords de milliers de gobelets et papiers d’emballage.

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette pageYou cannot copy content of this page