Le bon gardien du monastère de Mang Gyu… Je tendis ma lampe de spéléologie à Tom : Vite, éclaire moi ! … Déjà ce vieux renard rusé de moine revenait… – Tu as fait des photos ? – Non, non, j’ai juste éclairé avec ma lampe…
Ignorance est mère de tous les maux…
Amis, vous noterez que par le monde y a beaucoup plus de couillons que d’hommes, et de ce vous souvienne.
Article mis à jour et modifié en juin 2021
Une immense frustration au monastère de Mang Gyu
Nous avons quitté Ridzong pour Alchi, mais auparavant nous avons fait un détour par Mang Gyu dont on m’avait vanté la splendeur des fresques et des gigantesques statues.
En effet, juste en face, de l’autre côté de l’Indus , se situe le gompa de Mang Gyu que nous avons rejoint par une route de terre et de cailloux tout en contemplant de magnifiques paysages.
Si à vol d’aigle les deux monastères sont proches ce n’est pas le cas à pied et encore moins en voiture.
Et heureusement que nous y sommes venus véhiculés, car, une fois de plus, après avoir grimpé tout là-haut, tout était bouclé. Un écriteau indiquait : Fermé pour travaux. Mais pas un seul ouvrier sur place…
Toutefois, par un tour de passe-passe magique auquel nous commencions à nous habituer, et qui est une des spécialités des moines locaux, l’un d’entre eux surgit tout à coup devant nous, issu de nulle part.
Il nous déclara que les sanctuaires étaient fermés pour de longs mois pour restauration et qu’il était impossible de les visiter. Après quelques pourparlers il finit par accepter de nous ouvrir la porte d’un des lakhangs.
– Mais, pas de photos ! Ça nuit aux peintures précisa-t-il.
Alors je lui expliquai qu’avec mon appareil je pouvais photographier sans flash.
– Ce sont les flashes répétés qui endommagent les fresques.
Mais il ne voulut rien entendre, et je le sentis sur le point de replacer son monumental cadenas sur la porte. Alors je me fis tout sourire, jouant la diplomatie et la compréhension.
Une fois la porte ouverte je compris son incrédulité sur ma possibilité de faire des photos sans flash : il faisait noir comme dans un four.
– Je peux utiliser une torche électrique ?
– Oui, bien sûr.
Comme j’avais remis en place mon cache-objectf et laissé pendre mon appareil sur ma hanche, le brave moine s’éloigna.
Je profitai de ce court laps de temps. Je tendis ma lampe frontale de spéléologie à Tom :
– Vite, éclaire moi.
A peine le temps de faire quelques prises de vue de la gigantesque statue que déjà ce vieux renard rusé de moine revenait.
– Tu as fait des photos ? risqua-t-il d’un air suspicieux
– Non, non, j’ai juste éclairé avec ma lampe.
Nous ne pourrons pas obtenir qu’il ouvre l’autre lakhang. Il répétait en litanies : closed, closed, work in progress…
Où il est question d’ignorance et de bêtise
Ce fut l’occasion d’une de nos rares querelles, sous le regard surpris d’un petit garçon qui faisait de la moto fabrication « maison » avec un tronc d’arbre. Tom me reprochait sévèrement de ne pas avoir obtempéré à l’ordre du moine.
J’essayai de lui expliquer que son interdiction relevait de l’ignorance ou de la bêtise.
– Mais voyons, Tom, je n’ai rien fait de mal puisqu’il m’avait autorisé à éclairer la statue avec ma lampe.
– Oui, mais il avait dit pas de photos !
– Il avait dit pas de photos parce que le flash abîme les peintures. Je n’ai pas utilisé de flash or il m’avait permis d’utiliser ma lampe frontale. Donc je n’ai pas fraudé.
La discussion se prolongea un peu trop sur le sujet. Parfois j’oubliais que je voyageais avec un Indien et que ces derniers sont parfois trop rigides ou obtus face à certaines règles complètement ridicules et sans aucun intérêt. Mais la logique d’un Indien me dépasse toujours surtout quand elle n’admet aucune transgression et qu’elle est le fruit d’une totale ignorance et d’un grand manque de réflexion personnelle.
Nous avons compensé notre frustration en admirant les merveilleux paysages puis en visitant le village de Mang Gyu lui-même.
Nous nous sommes même offert le plaisir d’une petite randonnée dans la montagne à travers l’or somptueux des champs d’orge, avant de redescendre au bord de l’Indus tumultueux à cet endroit.