Un joyau méconnu… temples en parfait état de conservation, ils sont en activité, ambiance spirituelle très sereine. Accès sportif, il faut monter bien des ruelles et des escaliers…

L’amour est don de Dieu

qui détruit en moi l’illusion d’être un corps :

mon esprit ainsi purifié

perd conscience du temps et du lieu.

Toukaram (1598-1650)

Psaumes du pèlerin

Article mis à jour et modifié le 20 juillet 2021

En route, de Dharamsala à Chamba

J’ai quitté Dharamsala sans regrets sous des trombes d’eau. Le seul intérêt fut de découvrir d’énormes rivières, hier à sec, gonflées d’eaux aussi rouges que tumultueuses, telle une mer déchaînée. La couleur de ces flots impressionnants due à la terre rouge qui caractérise cette région ainsi que leur fureur dévalant les rochers, emportant tout sur leur passage, prêtaient à la tentation de descendre de voiture pour faire quelque photo spectaculaire.

Mais, décidément, la mousson, je déteste, même si amis Indiens et Français m’ont maintes fois affirmé que je ne connaîtrais pas vraiment l’Inde sans y avoir goûté.

La route fut sans aucun intérêt pendant presque 100 kilomètres à part le passage de ces larges rivières que je contemplais pour une fois sans qu’il ne s’agisse d’un lit de sable et de cailloux sans fin. Mais pour atteindre Chamba, il fallait franchir la chaîne du Dhauladhar par le col du Jot à 2650 m d’altitude. Alors, le spectacle devint grandiose, me rappelant, quoique très différemment, les paysages de la vallée du Kinnaur.

Quelques grandes frayeurs au passage, sur une route ne permettant pas le croisement avec un autre véhicule. A fortiori lorsqu’il s’agissait d’un camion ou d’un bus ! Imaginez cette route en lacets et virages en épingles à cheveux serpentant à flanc de montagne, sur 30 kilomètres, en longeant le précipice et ajoutez à cela les nombreuses pierres et blocs rocheux au milieu de la « chaussée », quand ce n’était pas un morceau de montagne emporté par un éboulement. On se demande toujours ce qui se passerait si la voiture passait au même moment ! Ecrasée comme une mouche. J’ai compris alors pourquoi mon jeune chauffeur m’avait annoncé quatre heures de route, alors que nous avions roulé à toute allure sur une excellente route et franchi les premiers 100 kilomètres en à peine une heure et demie et que nous n’étions plus qu’à 40 ou 50 kilomètres de Chamba.

J’avais cédé ma place de devant au petit frère du chauffeur afin de pouvoir aller d’un bord à l’autre pour admirer le paysage. – le petit frère ? mon œil ! Il avait emmené son meilleur copain pour lui faire découvrir le paysage aux frais d’un client et surtout pour ne pas être seul au retour. –

Les temples millénaires

Chamba m’a surpris plus encore que je ne m’y attendais par son absence totale de touristes. Quelques familles indiennes en vacances, certes, mais rares. J’étais assurément le seul blanc européen dans toute la ville. Une ville typique de l’Himachal Pradesh, restée authentique, animée et grouillante de vie, en journée comme le soir, avec des centaines de boutiques imbriquées les unes dans les autres, semblables à l’image et au souvenir que je gardais de mes premiers voyages en Inde. J’ai rencontré des habitants exceptionnellement accueillants et souriants qui n’hésitaient pas à faire vingt ou cinquante mètres avec moi pour me montrer par où passer quand je demandais mon chemin, ou qui m’invitèrent à grimper sur leur terrasse pour faire des photos sur les somptueux temples millénaires qui étaient l’objet de ma visite ici.

Le lendemain je partis à la découverte des temples. Si je n’ai pas eu trop chaud au départ, vers 9h, je dégoulinais de sueur au retour à 13h30, après avoir déambulé pendant des kilomètres et escaladé je ne sais combien d’escaliers qui n’en finissaient plus de monter. Mais la descente s’avéra tout aussi fatigante par des marches de 30 à 35 cm de hauteur voire plus par endroits. Par deux fois, je dus demander mon chemin car je ne rencontrai aucune indication pour dénicher les temples qui ne se situent pas au cœur de la ville. Et par deux fois l’on m’a proposé de m’y conduire à moto. Le premier, un jeune homme d’une vingtaine d’années, tout sourire, et le deuxième plus âgé avec son scooter. J’ai poliment refusé l’offre du premier, mais la chaleur et la distance m’effrayant, j’ai accepté la seconde invitation.

A Varanasi, Cochin, Dharamsala, au Rajasthanen ou en tout autre site touristique, il aurait fallu payer d’une façon ou d’une autre le service rendu. Mais ici, rien de cela. On te propose de t’emmener juste par gentillesse vis à vis de l’étranger. Quel dommage que l’Inde ait été aussi pourrie par le tourisme en bien des lieux.

L’hôtel étant situé légèrement au dessus de la rue principale, dans une rue en pente, sur le coup de 15h, je décidai d’aller explorer le quartier, juste un instant. J’ai commencé à gravir la côte pour très vite me retrouver dans un inextricable labyrinthe de ruelles mi-Casbah d’Alger, mi-Varanasi, où seuls ne circulent que piétons, motos, scooters, et… vaches aussi. Un lacis propre – surprenant ! -, longé de maisons toutes aussi pimpantes les unes que les autres, de la plus somptueuse appartenant à un avocat, un médecin, ou à un notable quelconque, à la plus modeste, toutes entourées de jardins superbement entretenus de fleurs ou de potager bien soigné. Très souvent, sur une terrasse somnolait une énorme vache ruminant en rêvant, l’œil vide et abruti, à sa réincarnation dans une vie meilleure.

Très vite, j’ai eu l’idée de partir à la recherche du chemin qui me conduirait sur une colline que je scrutais depuis mon arrivée sans avoir compris comment y accéder. Et de tourne à droite en tourne à gauche, je suis parvenu à la route conduisant aux deux temples, situés chacun dans une direction opposée, visités deux jours auparavant après avoir escaladé des centaines d’escaliers épuisants.

J’ai poursuivi mon chemin sur des kilomètres admirant au passage les innombrables fontaines, cascades et sources. J’ai découvert un superbe templion sylvestre où j’y suis allé de ma petite prière de remerciement et d’invocation pour que tout mon voyage se passe bien.

Je n’avais jamais vu une telle forêt de yuccas en fleurs. Une splendeur ! Mais vous n’en verrez aucune photo car dans ma hâte à aller me promener et surtout parti pour une courte exploration des environs, je n’avais pas emporté mon appareil.

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