dysfonctionnements en série avec l’assurance…soins intensifs, pose de stents… infirmières-robots, “ils vous ont laissé de nombreux jours en danger de mort.”
Si quitter ce monde est une réalité aussi forte que l’aimer, alors il doit y avoir une signification dans les rencontres et les séparations de la vie.
La Dame à la faux sera vaincue
A la suite de ce curieux retour chez moi sans intervention particulière, avec seulement une ordonnance, la Dame à la faux ricanait, prête à me faucher.
Alors je me suis décidé à contacter mon assurance afin d’organiser mon retour en France qui était prévu moins de deux semaines après ces événements.
Sur les recommandations d’une amie j’ai opté pour l’hôpital de Kochi qui a la réputation d’être le plus grand et le meilleur. – Pour les riches Indiens et les occidentaux expatriés ou touristes –
Prise en charge par mon assurance
A partir de là, je me suis laissé porter par l’assurance. Ce sont eux qui ont pris toutes les décisions, les meilleures comme les pires et les plus incohérentes et abracadabrantesques.
Ils m’ont donc informé que le rendez-vous était pris pour une éventuelle pose de stent, mais il n’en était pas question sans un examen préalable par le cardiologue de cet hôpital.
Ce qui signifiait retour à la case départ.
Les formalités administratives se sont avérées bien pires qu’à Mangalore. Heureusement, je n’étais qu’un pion et je n’avais rien à faire par moi-même. L’assurance s’occupait de tout. Mais il fallut plusieurs heures de paperasseries et de tergiversations avant que je sois enfin reçu par le cardiologue.
Première difficulté à l’admission
Problème majeur, je n’étais pas accompagné… J’ai découvert qu’en Inde une personne accompagnante est absolument obligatoire lors d’une hospitalisation.
Je suis admis en soins intensifs
Bien sûr nouvelle échocardiographie, toujours aussi parlante avec une fraction d’éjection à 25%. – Je précise le pourcentage parce qu’en tout il y en aura quatre qui, les quatre, donneront les mêmes résultats, mais un petit prétentieux de jeune cardiologue français de Bordeaux affirmera plus tard à mon retour, que ces résultats ont été mal interprétés et surestimés par les cardiologues indiens. Forcément, les Français sont meilleurs, n’est-ce pas ? Et surtout ne font pas d’erreurs de diagnostics. Nous verrons peut-être dans un article ultérieur ce qu’il en sera plus tard avec les cardiologues français auxquels j’ai eu affaire… –
Dans un premier temps, au vu de mon état, et en attendant que je trouve une personne accompagnante, le cardiologue m’a fait admettre en soins intensifs où les accompagnants ne sont pas autorisés.
Arrivée de Tom à mon chevet
J’ai aussitôt contacté Tom en lui expliquant la situation et en lui promettant de l’indemniser en conséquence.
A peine deux heures plus tard, il était dans un bus en partance pour Ernakulam. Il me racontera à son arrivée le lendemain matin, que non seulement, il y avait juste un bus qui partait à cet instant même, mais en plus il ne restait qu’un seul siège !
Mais après une longue nuit dans un bus inconfortable, et alors que sa présence avait été exigée par l’administration de l’hôpital, on l’a prié d’attendre dans le couloir car les visites ne sont pas autorisées en soins intensifs.
Nous communiquions par messages what’s app. Personne ne s’occupa de lui de toute la journée. Dans l’après-midi, épuisé de fatigue après ce long et difficile voyage, lassé d’attendre que l’on me transfère dans une chambre particulière, il m’annonça qu’il repartait chez lui car sa présence était inutile ! Il fallut que j’use de toute ma diplomatie pour le convaincre de rester. Ce ne fut qu’en toute fin de journée que nous avons pu gagner une chambre particulière et nous retrouver.
Les difficultés administratives se poursuivent
J’avais été admis pour une journée – pose de stent(s) – et sortie le lendemain matin, mais les jours défilaient sans qu’il ne se passe rien.
D’abord ce fut à cause de mon visa.
– Vous avez un tourist visa, me dit le cardiologue, et je n’ai pas le droit de pratiquer l’angioplastie avec ce type de visa, car ce n’est pas un acte d’urgence. Il faut que vous obteniez un « medical visa » pour que j’aie l’autorisation de vous opérer.
– Mais comment ? Tout le monde me dit, y compris vous, qu’il faut poser des stents et que je suis en danger de faire un infarctus vu l’état de mes artères. Ce n’est pas une urgence, cela ?
– Oui, mais ce n’est pas considéré comme une urgence absolue par les services de l’immigration… Notre service administratif va s’occuper de faire la demande de visa médical.
Mais ils ne s’en occupaient pas… Et les jours passaient…
Finalement le cardiologue obtint l’autorisation d’opérer avec mon visa touriste ayant fait valoir l’urgence. Mais l’intervention fut encore repoussée.
– Nous attendons l’autorisation de votre assurance.
– Mais je ne comprends pas puisque c’est le médecin de l’assurance qui le premier a déclaré que la pose d’un ou deux stents était indispensable compte tenu de l’état de mes coronaires.
– Mais nous attendons leur autorisation écrite.
Cela a encore pris deux jours de plus.
Quand j’eus connaissance de l’énormité du coût de la pose des stents, je compris que telle en était la raison…
Le fonctionnement administratif interfère dans les soins médicaux
Je n’ai guère vu de différence dans le fonctionnement par rapport à l’hôpital de Mangalore. J’ai bénéficié d’excellents soins, mais l’administratif était encore plus pesant ici du fait de la prise en charge par l’assurance. Chaque jour deux ou trois personnes de l’administration passaient dans la chambre pour une rubrique à compléter, pour demander un papier, ou me faire signer un document, etc…
J’avais été choqué lors de mon admission que trois personnes de l’administration qui n’avaient aucune spécialisation médicale assistent à la consultation. Ici aussi j’ai déploré le grand manque de confidentialité et le non-respect de l’intimité de la personne hospitalisée par rapport à ces personnels administratifs ou par rapport à Tom.
Les infirmières et aides-soignantes se comportaient comme des robots. Non qu’elles étaient désagréables, mais à peine disaient-elles bonjour en pénétrant dans la chambre, et encore, pas toujours. Elles procédaient au soin, sans jamais un sourire, sans jamais un mot gentil, sans aucune explication, et ne répondaient jamais à mes questions sur la nature des soins.
Un curieux système d’hébergement
Comme à Mangalore il ne s’agissait pas d’une chambre dans le service de cardiologie, mais située dans une « aile hôtelière ».
Si la qualité de la nourriture s’est avérée d’un bon niveau, les dysfonctionnements du service des repas furent quotidiens. L’on passait chaque matin dans ma chambre pour demander ce que je souhaitais manger, mais la personne était absolument incapable de me renseigner sur ce qu’il était possible de commander. Y compris la diététicienne qui s’était présentée comme telle…
Il fallait effectuer une commande distincte pour moi, le patient, et Tom, l’accompagnateur. Presque à chacun des trois repas, il y a eu confusion dans les plats demandés pour moi et pour lui. Certaines fois, lui n’obtenait pas sa commande. Elle avait été « oubliée », d’autres fois, c’était la mienne. Une fois j’ai eu une double commande car les plats avaient été commandés par deux services médicaux différents. Une autre fois, nous avons été oubliés tous les deux et quand nous nous en sommes étonnés on nous a répondu qu’il était trop tard pour prendre la commande, et Tom dut se rendre lui-même au restaurant afin de pourvoir à notre repas à mes frais.
Conclusion
Je considère que j’ai été parfaitement pris en charge tant par le cardiologue que par l’assurance, mais de nombreux dysfonctionnements entre le médical et l’administratif qu’il s’agisse de l’hôpital ou de l’assurance, ont considérablement retardé la pose des deux stents, alors qu’il s’agissait de le faire en urgence à cause du risque d’un infarctus ou d’un arrêt subit du cœur.
A mon retour en France, mon médecin traitant m’a déclaré : « ils vous ont laissé de nombreux jours en danger de mort. »
Et l’on s’aperçut un mois plus tard, après une énième coronarographie, qu’il était indispensable de poser un troisième stent. Et c’est seulement après cette nouvelle angioplastie que tout danger fut enfin écarté et que peu à peu je repris une vie normale.
Ce n’était pas mon heure. Mon ange gardien m’a protégé. La Dame à la faux fut vaincue et désarmée
Bonjour
Je lis toutes tes aventures médicales indiennes, bcp plus complètes que ce que tu m’avais raconté. Que d’aventures.
J’espère que tu vas bien et que tu es bien réinstallé à Kannur. Dans mon souvenir, tu repartais en Inde mi octobre.
Bonjour Christine,
Oh merci pour ton commentaire… Je te réponds personnellement sur mes problèmes de santé. Je voulais raconter ici mes démêlés ubuesques avec l’assurances et tous ses dysfonctionnements. Ils ont bien failli me faire crever sur place avec tous leurs atermoiements et leurs intérêts financiers prioritaires sur ma santé. Mais maintenant le temps a passé, je n’ai plus trop envie de revenir sur cet épisode et de nouveau polémiquer…
Non, je ne suis toujours pas retourné à Kannur. Le voyage d’octobre a été repoussé au 8 novembre puis à nouveau reporté au 29 novembre. Pour l’instant j’en suis là : je voyage le 29 novembre, arrivée à Kannur le 30. Mais je pense que je vais devoir raccourcir mes séjours à trois mois seulement pour diverses raisons personnelles et à cause de la complication des conditions de séjour en Inde de plus en plus restrictives. Et je me demande si je ne vais pas lâcher mon appartement à Kannur et reprendre des séjours itinérants dans divers lieux que j’ai aimés ou en découvrir d’autres, comme l’Odisha (ex Orissa) ou le Bihar, par exemple… Mais j’avance en âge, alors nous verrons bien…